Le compagnonnage, aussi appelé culture intercalaire, est très simple à effectuer. Il s’agit tout simplement de cultiver en même temps divers types de plantes comestibles dans un même bac ou dans une même planche de culture.
Le fait d’associer des légumes, des fines herbes, des fleurs comestibles et des arbustes fruitiers dans un même espace peut être bénéfique puisque certaines de ces plantes ont la capacité de repousser les insectes nuisibles, d’attirer les insectes bénéfiques ou encore de stimuler la croissance des végétaux avec lesquels elles sont mariées.
Bien que le compagnonnage soit une pratique ancestrale basée uniquement sur l’observation et la pratique, de plus en plus d’études scientifiques confirment son bien-fondé.
Plus un potager est planté d’une grande diversité de végétaux, moins il est attaqué par les insectes et les maladies.
crédit : Albert Mondor
Bienfaits démontrés
Des études scientifiques ont démontré que certaines associations végétales sont particulièrement bénéfiques. C’est le cas notamment de l’association entre les tagètes et certaines plantes potagères, comme la pomme de terre. Dans un article de synthèse publié en 2010 dans la revue scientifique Applied Soil Ecology, il a été démontré que ces fleurs peuvent dans certaines conditions repousser les nématodes – des petits vers microscopiques – qui s’attaquent aux racines de certains légumes.
Une autre association réputée pour ses bienfaits est assurément celle qui implique les fameuses « trois sœurs », soit le maïs, les haricots et les courges. Depuis longtemps cultivés ensemble par les peuples des Premières Nations, ces trois légumes sont bénéfiques les uns pour les autres. Le maïs sert de tuteur aux haricots et protège le potager contre le vent. Les haricots fournissent de l’azote au maïs et aux courges (les racines de haricots sont associées à une bactérie appelée rhizobium qui capte l’azote atmosphérique). Pour leur part, grâce à leur épais feuillage, les courges maintiennent le sol frais et empêchent une trop grande évaporation. Elles agissent également comme un paillis empêchant les herbes indésirables de croître.
On peut également planter au potager des végétaux qui agissent comme des pièges, c’est-à-dire qu’ils attirent certains insectes nuisibles, les empêchant ainsi d’attaquer d’autres plantes. Ainsi, on peut cultiver des aubergines à proximité des pommes de terre afin que les doryphores s’attaquent aux premières sans toucher les secondes – les doryphores préfèrent nettement manger les feuilles des aubergines. Toutefois, lorsque les plants d’aubergines sont infestés par les doryphores, il faut les détruire, ce qui se traduit par le fait qu’il n’y aura pas de récolte d’aubergines.
Autres avantages
Lorsqu’on pratique le compagnonnage ou la culture intercalaire, on peut disposer les végétaux en alternance, selon un motif de damier ou de façon aléatoire. Cette façon de faire donne un aspect très original au potager, voire un peu trop désordonné au goût de certains.
En plus d’être comestibles, certaines fleurs comme les capucines et les œillets attirent au potager des insectes bénéfiques tels que les abeilles, les bourdons et les syrphes.
crédit : Albert Mondor
Inspiré de la nature, le compagnonnage comporte de nombreux autres avantages. Les petites plantes qui mûrissent rapidement, comme les radis et les laitues, peuvent pousser à côté des végétaux tropicaux plus larges, tels que les concombres et les tomates, qui prennent plus de temps à atteindre leur maturité. De cette façon, on peut maximiser l’utilisation de l’espace.
De plus, certaines plantes apprécient l’ombrage produit par des végétaux plus gros ou plus hauts. Par exemple, les laitues et les épinards adorent pousser au pied des haricots grimpants. En fait, comme le sol au pied des haricots reste frais plus longtemps, cela évite une montée en graine trop rapide des laitues et des épinards.
Par Albert Mondor, horticulteur et biologiste